vendredi 13 juillet 2012

Promenade matinale et Magnificat de Bach


[10 Mai 1964]
     Dimanche

[...] Vers sept heures, je suis sortie. Ah, j'avais grand soif de tout ce qui me fut offert sans mesure, à profusion, le vent au goût de glace et de menthe, et d'autres fois plus lourd et blond comme miel, le soleil, le silence, le chant de tel oiseau inconnu et familier, 

 
l'accueil des herbes déja hautes,des futaies qui s'entrechoquaient légèrement, et cette pente rousse et verte du sous-bois, 


et ces violettes, les dernières, plus grasses et plus pâles,et la lumière
des genêts en fleur,tant de choses si douces, si savoureuses au matin!


 J'ai aimé les fougères déroulants leurs crosses, les rares et solennelles campanules,





la floraison des veroniques, et violettes, ces fleurs vénéneuses en grappe...ou encore, sur le vieux mur qui borde un moment la route, et soutient la colline qui le crèvera sans doute un jour de grandes pluies,





ces gueules-de-loup naines et la promesse des fraisiers formant déja leurs fruits...Et pouvais-je au retour ne pas écouter le Magnificat ?


Je pense que tu connais la voix d'Hertha Töpper -- voix plus qu'humaine sombre et liquoreuse (voix pour la nuit de Gordes!)... Contre la peur, contre la faiblesse, contre le découragement entendre Bach. L'âme est debout.

Extrait de Lettre à l'Amant - Tome II
 

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