« Car je veux être reine de mes soleils et de mes peines, tenir les clefs des cités que je hante et garder enclose dans ma parole la fugitive vie que je m’émerveille d’entendre battre à mes tempes. » Mireille Sorgue
[...] " J'ai
seulement pour nous sauver le langage que je partage avec tous, les mots qui
viennent sous mes doigts; je les choisis comme des fruits, pour leur rondeur et
leur velours. Ils font, mis à la suite, volutes, arabesques, ce calligramme où
je rêve que j'inscris ton mouvement. Et j'aime que ce matériau soit le plus
subtil, le plus fluide qui soit, comme convenant à refaire le tissu des
caresses avec le jour ancien pris au travers, ou bien ma chair de fille
châtaine."
Heureux celui qui meurt d´aimer
Heureux celui qui meurt d´aimer
Il a dit ô femme et s´achève
Ainsi la vie, ainsi le rêve
Et soit sur la place de grève
Ou dans le lit accoutumé
Jeunes amants vous dont c´est l´âge
Entre la ronde et le voyage
Fou s´épargnant qui se croit sage
Criez à qui vous veut blâmer
Heureux celui qui meurt d´aimer
Heureux celui qui meurt d´aimer
Paroles: Louis Aragon. Musique: Jean Ferrat 1966 "Jean Ferrat – Vol.2
(1999)"
Peintre français d'origine russe, Nicolas De Staël était un homme partagé. Entre figuratif et abstrait, entre culture slave et amour de la France, entre espoir d'une lumière d'Italie et désespoir d'une porte qui se referme trop tôt.
Sa morale tenait en quelques mots : "Il faut travailler beaucoup, une
tonne de passion et cent grammes de patience."
Il entretenait une amitié passionnée avec René CHAR
. Ce dernier disait de lui: "Il est alléplus
près qu’il n’est permis de l’inconnu et de l’empire des étoiles"
Abstrait et
pourtant émouvant comme un paysage connu, Nicolas de Staël appartient,
selon André CHASTEL, au «dernier âge de la peinture qui reste
traitement de la pâte et recherche d'épiderme». Il la traite en sculpteur.
Il suffit de s'arrêter devant La Lune, grande huile
sur bois de 1953, qui semble n'être qu'une seule même couche de peinture au
suave gris perle.
Une mince fente rouge évoque une blessure. Le reste est pure contemplation.
La lune - Nicolas de Staël
« Dieu que c’est difficile la vie !
Il faut jouer toutes les notes, les jouer bien… »
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"Ma
peinture, je sais ce qu'elle est sous ses apparences,
sa violence, ses perpétuels jeux de force;
c'est une force fragile dans le sens du bon, du sublime.
C'est fragile comme l'amour"...
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"Je
sais que ma solitude est inhumaine.
Je ne vois pas la manière d’en sortir,
mais je vois les moyens de progresser sérieusement".
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" On n'éclaire
pas sans brûler "
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"Je
vais aller sans espoir jusqu'au bout de mes déchirements,
jusqu'à leur tendresse." Nicolas de Staël
et ... il l'a fait !
«
Dans sa frénésie de peindre il côtoie sans cesse l'abîme, trouvant des accords
que nul autre avant lui n'avait osé tenter. Peinture tendue, nerveuse, toujours
sur le fil du rasoir, à l'image des dernières toiles de Vincent van
Gogh qu'il rejoint dans le suicide. »(1)
Nicolas
de Staël meurt à 41 ans en se jetant par la fenêtre
de son atelier d'Antibes.
(1)Bernard Heitz, article : Nicolas de Staël, les
couleurs du tourment, Télérama n°2374 du 12 juillet 1995, p.13
Les trobairitz ou troubadouresses, formes féminines de troubadour, sont des poétesses et compositrices d'expression occitane ayant vécu dans le sud de la France aux XIIe et XIIIe siècles.
Béatrice de Die
Pour la poésie des troubadours, la distance installée n'est pas toute conjugale ou sociale, mais vitale, fondamentale. Elle est la manifestation de l'absence. C'est l'absence qui est au centre puisque ce centre de l'absence est aussi celui du langage.
La notion de désir se confond entièrement avec celle de l'amour. Et, puisque le désir disparaît quand il est assouvi, l'amour, pour perdurer, doit être difficile à satisfaire. Cela explique la position de supériorité de celui qui est désiré, qui doit toujours paraître insaisissable sans pous autant rester totalement inaccessible (car l'amour courtois n'est pas un amour platonique).
L'importance accordée au désir explique encore que l'amour courtois se porte généralement vers un objet défendu.
Si la courtoisie est un phénomène de civilisation, la doctrine amoureuse qui l'accompagne, contraire aux enseignements de l'Eglise et très éloignée des usages de l'époque, doit avant tout être comprise comme un jeu littéraire.
L'amour comme construction verbale. Une sorte de théorie d'amour négative qui parle de la souffrance de l'amour.
"Je pose une idée, je la renverse". Son contraire est possible, les deux s'entendent.
Assouvir ses sens deviendrait: sublimer, transformer par l'écriture. Différer le plaisir, combler l'espace qui sépare de l'être aimé. Renverser les choses dans son regard et dans sa perception du monde.
Azalaïs de Porcairagues
Cette conception de l'amour remonte au temps de l'esprit courtois en Orient (1). Cet amour est venu chez nous à dos de chameau et de cheval par l'Andalousie. Il y est question d'une forme d'obéissance – sans aucune espérance – qui constitue la caractéristique de ce sentiment et lui donne sa noblesse.
La beauté que chante le poète est surtout immatérielle et la Dame se trouve adorée à l'égal d'une divinité, une divinité cruelle et inaccessible que l'amant implore en sachant que ses larmes, son insomnie et les tourments de son âme, ne lui vaudront aucun mérite et donc aucune ferveur.
Nous pouvons sentir, dans certains passages de ses écrits, combien Mireille est entrée en résonance avec la poésie des troubadours. Par exemple, quand elle évoque: "la peine doucement dure", c'est du pur canso.
(1)Jean-Claude Vadet. L'Esprit
courtois en Orient dans les cinq premierssiècles del'Hégire.Editions G.P. Maisonneuve et
Larose, Paris, 1968.
"Tu parles des nuits de Provence, et ta parole a goût de promesse. Les nuits de Gordes...Je saurai, n'est-ce pas...Tout un royaume, et je m'attarde au seuil, interdite un peu. Tu es sûr que je peux entrer? que les bêtes et les choses, dérangées ne vont pas se taire? que je n'effraierai pas le petit duc, ni les cigales?"