dimanche 27 juillet 2014

Marcher vers une fontaine


Fontaine de Lacoste - Luberon

[...] Museau de jour me flairant,
mufle pensif au bord de l'insondable,
non pas circonspect mais patient, ne différant l'apaisement que pour mieux
connaître le prix de l'eau bue,
ta paume repense ta soif et l'endure exquise.

J'entends ces mots:
- Moi si j'avais du temps à dépenser,
je marcherais tout doucement vers une fontaine. 


 Mireille Sorgue -Extrait de L'Amant

Fontaine de Lacoste - Luberon

vendredi 25 juillet 2014

Pauvre petite fille...






Jeudi  [ 26 mars 1964]

[...] Hier matin, j'ai reçu de Marie-France une lettre bou­leversante. Tu la liras (et je sais que tu la comprendras; pauvres, pauvres filles...). Je lui avais brièvement écrit pour son anni­versaire, en lui disant que je regrettais que l'habitude et la pudeur nous fassent toutes deux aussi silencieuses. Elle s'ex­plique sur ce silence, et le rompt exceptionnellement, pour ma plus grande peine. Comment n'avoir pas les larmes aux yeux devant cette dureté, qui n'est que cicatrice, ce pauvre orgueil douloureux qu'elle érige en défense? Moi qui pensais qu'elle allait mieux! Quelle solitude... Ce mépris? Oui, il me semble bien l'avoir éprouvé -et pourtant je n'avais pas d'orgueil puisque je me diluais dans la masse, me laissais submerger, couler, puisque je m'abîmais, et ne croyais pas valoir d'être sauvée. Elle se révolte, c'est peut-être un signe de vigueur; moi je n'avais que la tentation de dormir que résumait cette petite phrase ressassée: -Sommeil, soleil, désir de mort lente, désir de mort vive...  
Je ne connais pas son amie qui en est « aux premiers jours de sa peine», mais je souhaite qu'elles s'aident l'une l'autre. Seulement, je sais bien qu'il faudrait un ami. Ami... Il lui manque pourtant de connaître ce qu'est la mort; elle n'a pas encore (elle me l'a dit), découvert l'absurde, elle ne l'éprouve pas. Elle ne doute encore que des autres, non d'elle-même. « C'est peut-être mon orgueil qui me sauvera. »  Oui. Pauvre petite fille. 

Mireille Sorgue - Lettres à l'Amant - Tome II

vendredi 11 juillet 2014

Douceur et force singulières!








Samedi [6 juillet 1964]

[...] D'où vient que tantôt tu m'apparais comme un tout petit garçon vulnérable à protéger, à prémunir, et tantôt ­comme me donnant l'assaut, pire que le vent et le soleil ensemble, tu m'enjôles, me fais perdre contenance, me renverses comme fait la vague, me submerges? D'une douceur et d'une force singulières! Irrésistible, avec de grands embrassements qui me déracinent... D'où vient ta diversité -ton pouvoir, dont peut-être tu n'as qu'à demi conscience?... Car nous ne savons rien ou si peu en amour -et nous n'avons pas de méthode, ni de secret, pour nous retenir l'un l'autre... 
 Mireille Sorgue - Lettres à l'Amant - Tome I

jeudi 10 juillet 2014

Nietzsche - Vérité







« Il n’y a de vérités qu’individuelles »
                                                                                                           Nietzsche