mardi 26 février 2013

Rainer Maria Rilke - Le Livre de la pauvreté et de la Mort







Je suis peut-être enfoui au sein des montagnes
solitaire comme une veine de métal pur;
je suis perdu dans un abîme illimité,
dans une nuit profonde et sans horizon.
Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre.
Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
et cette grande nuit me fait peur;
mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante,
qu'elle m'écrase,
que toute ta main soit sur moi,
et que je me perde en toi dans un cri.


Extrait- Le Livre de la pauvreté et de la Mort- Rainer Maria Rilke

lundi 25 février 2013

L’empreinte des mots









« Je porte en moi l’empreinte des mots, de tous ces mots lancés, prononcés, murmurés, frayés à travers le feu des étoiles, pleurés dans le silence des matins arides, insinués dans les souvenirs éteints. Ces mots d’amour répétés, palpitants, ont désarmé l’adversaire devenu impuissant devant tant d’obstination. L’Amour ne triomphe-t-il pas de tout ? »  

                                                                                                                         Texte d' Annie Lautner

samedi 23 février 2013







« Avec le talent, on fait ce qu'on veut ;
avec le génie, on fait ce qu'on peut.»    
 
Jean-Auguste-Dominique Ingres
                                                              
  « Le génie est peut-être au talent  
                          ce que l'instinct est à la raison.»
 
                                                                                         Jules Renard

lundi 11 février 2013

Rêve et amour





« Il n'est rien de réel que le rêve et l'Amour. »
    Anna de Noailles
 
 

Guillaume Apollinaire - Poèmes à Lou



 
 

"Ainsi beau ciel aimé chère Lou que j’adore
Je te désire encore ô paradis perdu
Tous nos profonds baisers je me les remémore
Il fait un vent tout doux comme un baiser mordu
Après des souvenirs des souvenirs encore
...

Mes souvenirs ce sont ces plaines éternelles
Que virgulent ô Lou les sinistres corbeaux
L’avion de l’amour a refermé ses ailes
Et partout à la ronde on trouve des tombeaux"



Extrait "Poèmes à Lou" Guillaume Apollinaire

Paul Valéry - La fausse morte







La fausse morte

Humblement, tendrement, sur le tombeau charmant,
Sur l'insensible monument,
Que d'ombres, d'abandons, et d'amour prodiguée,
Forme ta grâce fatiguée,
Je meurs, je meurs sur toi, je tombe et je m'abats,

Mais à peine abattu sur le sépulcre bas,
Dont la close étendue aux cendres me convie,
Cette morte apparente, en qui revient la vie,
Frémit, rouvre les yeux, m'illumine et me mord,
Et m'arrache toujours une nouvelle mort
Plus précieuse que la vie.

Paul Valéry - Poésies "Charmes" 1922



samedi 9 février 2013

Paul Valéry - Le Sylphe




Le Sylphe


Ni vu ni connu 
Je suis le parfum 
Vivant et défunt 
Dans le vent venu ! 

Ni vu ni connu,
Hasard ou génie ?
A peine venu
La tâche est finie ! 

Ni lu ni compris ?
Aux meilleurs esprits
Que d'erreurs promises ! 

Ni vu ni connu,
Le temps d'un sein nu
Entre deux chemises !


 

mardi 5 février 2013

Eau légère... Limpidité du dialogue...







Mon amour, je nous retrouve avec fracas […]. Je nous retrouve et retrouve notre particulier langage, cette limpidité du dialogue ? et nos lettres ne sont jamais mieux nos lettres que lorsque nous n’avons apparemment rien à nous annoncer, que lorsque l’événement, ? le signifiant ? n’en obscurcit pas le ton… Fluidité pure lavant le visage lisse de notre amour, eau lègère que n’entrave plus dans son écoulement le charroi des herbes et des feuilles… Je nous retrouve et je viens à toi ce soir souplement, belle enfance ravie chargée d’une offrande naïve ? précieuse dans ma main comme un bouquet votif, fleur multiple insolite que composent dans ma paume des étoiles de mer…

Extrait "lettres à l'Amant" Tome II