samedi 23 novembre 2013

Je me suis levée tôt...

 

Cela va bien, tu sais... Tous les soleils du monde vont bien. Je me suis levée tôt pour allumer celui du ciel que le brouillard étouffait comme cendre.

 
       Brumes échevelées, effilochées, accrochées aux bois 

..


 comme foin que les branches prennent aux charrettes.
 
 
 
 

Le vent batifolait dans ma jupe comme un chien fou de joie.

Je pris pour rejoindre mes domaines un sentier défendu de ronces et d'orties,


 
 
 
 
 
 si étroit que nous n'y pourrions marcher de front, montant dru  entre fougères et bruyères,
 

 

 sous les châtaigniers.
 


Je ne soufflai qu'arrivée sur le plateau, à la naissance de la gorge masquée par la futaie, dont les bords se dérobent presque verticalement le long du chemin. Fonds cachés de feuillages.

 
Au retour, je déboulai le long de la pente -avec de brusques arrêts pour jauger le ravin à ma droite,

 
et m'arrêtai en vue du village, cent mètres au-dessous...                 
 
Extrait de "Lettres à L'Amant" - Tome I


mercredi 20 novembre 2013

La montagne noire

 

Sa chère montagne!..... qu' Elle aimait tant.
 
[...] A sept heures, je suis sortie, et j'ai vécu seule la plus belle heure de ce jour qui s'est à présent embué, enfiévré, obscurci. Seule: oui, ce matin de Pâques, il m'a bien semblé que tous (et tout) prolongeaient leur repos. Je n'ai rencontré personne et je suis sûre -à l'absence de résistance de l'espace, à l'absence d'écho à mes gestes et mes pas, que véritablement j'étais seule dehors. Goût de privilège. J'ai foulé l'hiver mort: fougères rousses ou blêmes, froissées, tassées, lichens et les sentiers sans herbe, mais à hauteur de mes lèvres dans la saveur du vent, à hauteur de mes paupières dans le baiser dont les fermait le soleil, j'ai rencontré le printemps. Je me suis attardée sur les collines, considérant avec tendresse ce village maussade ordinairement mais que son environnement de fumées, de coqs, de chiens et plus haut de bois, et plus haut de ciel pâle faisait précieux. J'ai vu des sources nouvelles, et les fleurs de fraisier promettant l'abondance. Je suis revenue en coupant tout droit par les genêts, puis au travers des jardins...

Extrait de "Lettres à L'Amant" - Tome II

 

 


lundi 18 novembre 2013

Dire la douleur de ne pas vivre




"On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire."
 
                                                                                                                                   Albert Camus