jeudi 9 août 2012

Toulouse

[...]  Au coeur de la ville endormie, où je me suis parfois sentie comme engluée dans un absurde piège de murs et de rues, j'avais le vent et la nuit, et j'étais libre.

Extrait de Lettres à l'Amant - Tome I


                                         


[...] Je sors à sa rencontre pour voir le vent couler en crue dans la rue, pour l'entendre venir d'autres rues, et toute une géographie en creux, relief inverse de la ville, m'est alors révélée.
           La ville, qu'on croyait compacte et close, est ouverte, proie des chevaux sauvages, des eaux.
           Ville bien irriguée,
           Ville inondée, lavée,
           Ville nue,
           Surprise dans sa nuit par les souffles étrangers,
           Ville proche soudain de la mer,
           Ville qui ne dissimule plus la terre,
           Ville prise, pillée.
           Ville habitable enfin.
           Le vent plus que la Garonne, me plaît à Toulouse. Il dure trois jours et trois nuits, et c'est chaque fois un temps d'allégresse.

Extrait de L'Amant



Petrus Christus et Pisanello - Portraits


[...] J'ai dix-neuf ans puisque tu les fêtes, puisque tu veilles et gardes d'un baiser l'enfance rouverte, j'ai dix-neuf ans, je n'ai pas d'âge...Pas plus que ces beaux portraits -- et je ne vieillirai pas plus qu'eux, je te le promets.

Extrait de Lettres à l'Amant - Tome I

 Petrus Christus : Portrait d'une jeune femme                                Pisanello: Portrait  princesse d'Este

Cercle de ciel noir





[...] Je regarde sans rien dire, me mordant les lèvres, et je ne sais si tu vois ce même paysage calciné, nu, au-dessus duquel tourne une grande chose mouvante. Je voudrais te dire, je voudrais que tu saches. Mais je ne suis rien de plus que le cercle du ciel noir au- dessus de cette terre. Et le ciel, qui regarde infiniment, ne parle pas. Je ne peux pas, je ne peux pas, je suis le cercle même et je m'enferme et je m'étouffe. Il fait une chaleur de four. Je ne comprends pas. Il se passe des choses que je ne reconnais pas. Et ce soleil, cette ombre de soleil hallucinant qui  mange ton visage avant de prendre le mien.

Extrait de Lettres à l'Amant - Tome I