mardi 10 juillet 2012

Le Cante jondo (ou hondo)...


Jeudi
[6 février 1964]

[...] Hélène, tout à l'heure, me parlait du Cante Jondo (ou hondo: profond). Elle m'apprit que Lorca en avait longuement traité. Comment t'en parler? Pense à cette langue encore incertaine de l'amour, langue venue de loin, du plus profond justement, arrachée...Tu sais, je pense que le Cante jondo est improvisé, spontané, impulsif, sujet donc à d'infinies variantes, difficile à fixer, sauvage pour tout dire. Tu sais qu'il ne faut pas le confondre avec le flamenco beaucoup plus "gracieux", folklorique, agrémenté, orné ( castagnettes, guitares...)

Le jondo est presque nu, seulement ponctué, brisé parfois ou modulé --Un chant sensuel, il me semble. Du corps entier, et non seulement de la gorge. Un chant terrible-- souvent proche de la plainte, du cri: cri animal, mais désespoir humain. Tout y est dit. Une façon de se consummer. Comme un cyprès au soleil, et comme le vent qui en avive la flamme.
Extrait de Lettres à l''Amant - tome II




La Lola
Elle lave sous l’oranger des langes de coton ; elle a les yeux verts, la voix violette.
Hélas ! amour, sous l’oranger en fleurs !
L’eau de la rigole était pleine de soleil, dans l’olivier chantait un moineau.
Hélas ! amour, sous l’oranger en fleurs !
Puis, lorsque Lola aura usé tout le savon, viendront les toreros.
Hélas ! amour, sous l’oranger en fleurs

Federico Garcia Lorca

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