dimanche 14 juillet 2013

Paul Valéry - "Tout m'est noir à peine le fer clos..."

 
 
 
 
Le vieux battant de fer à peine clos
derrière moi qui me hâte et qui songe,
seul et non seul je vais courbant le dos,
suivant détresse, ennui, peine ou mensonge,
car tout m’est noir à peine le fer clos.
 
Paul Valéry

"L'itinéraire bis" de Mireille

 


Elle a refermé doucement la porte de l’enfance, tricot d’amour et chemin de croix. Elle est là, sur le seuil, en partance pour l’âge adulte, indécise et désorientée. Elle n’a aucun plan, juste quelques cartes topographiques, des topos effrayants

Autoroutes vers un destin de hérisson gisant sur le bitume, à l’indifférence générale ; périphériques encombrés, tournant autour du pot sans jamais y entrer ; voie de garage et voie sans issue, objectif court, sans débouché  ... Horizon sans perspective, tout parcours empruntable semble sans intérêts mais payable au prix fort.

Elle cherche un itinéraire bis, une voie parallèle, une piste aux étoiles pour suivre la sienne. Qu’importe le chemin, de traverse, ou buissonnier, tout plutôt que ces voies-là. Alors elle avance, nez au vent, tête en l’air, pieds sur terre et parfois trouille au ventre. Elle marche sans se retourner, trop tôt encore, il faut de la distance.

Elle gravit ses Everest et ses Himalaya ; traverse ses déserts de Gobi, y tanne son cuir ; se rafraîchit sous des cascades de rires ; allume ses Woodstock et ses feux d’artifice ; plonge dans les océans, dans des rivières de diamnts. Ivresse des paysages.

Parfois, elle prend le temps d’une pause, pendant quelques lunes, dans un pré vert à l’herbe tendre et au ciel accueillant. Elle s’initie à la polyculture, tente de défricher le champ de son ignorance, d’en retourner le terreau, et de semer quelques graines de bon sens. Elle récolte des doutes et fauche ses certitudes.

Inlassablement elle avance, les yeux parfois embrumés, parfois
écarquillés de soleil. Toujours un air en tête, elle chante sur le
chemin, avec les oiseaux, avec le vent qui passe dans les
arbres, avec la mer qui rugit, et le ciel qui gronde.
 
Extrait d'  "Itinéraire bis" de Firenz