Lundi [11 Novembre 1963]
[...] Marie-France est entrée, s'est assise près de son
lit pour travailler... Hier, elle m'a demandé aide pour un devoir de
philosophie dont le sujet m'a tant plu que j'y ai pensé plusieurs heures (« Le mot de
Montaigne -* La plus grande chose du monde est de savoir être à soi * est
peut-être le mot d'un monde en train de disparaître.») « Être à soi », le pouvons-nous encore? Il y faut une conscience
claire, désenchantée de la condition humaine, mortelle -mais il faut se
garder d'appartenir déjà à la mort. Être à soi dans l'amour, l'amour lucide;
se faire du présent une éternité... Si j'avais dû rédiger ce devoir, c'est
par la connaissance, la révélation de soi-même dans l'amour, la possession de
soi-même, soi-même total, hors de la peur, de l'ennui, du désespoir,
également distant de la révolte et de la résignation, que j'aurais terminé.
Face à l'oppression du monde moderne, face au déferlement des foules, la
paradoxale liberté de l'être engagé dans un au-delà de la passion, dans
l'effort de l'amour, l'érection de l'amour...
Mireille Sorgue - Extrait de Lettres à l'Amant - Tome II
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vendredi 7 août 2015
Montaigne - Savoir être à soi
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