samedi 19 avril 2014

"Le rêve sera-t-il aussi invitation au réel ?"...






[…] J'ai bien dormi. D'un sommeil noir, noir comme terre et comme elle, profond. 





 
M’éveillant au premier clin de jour, je te regardai dormir un long moment, mon enfant nu, mon amour; puis je défis précautionneusement tes bras noués à ma taille, et te laissant reposer, je sortis... 






Lorsque je te revins, toute humide de sueur et de rosée, mon baiser sans doute eut goût de menthe mûre, et mes bras la vigueur verte des jeunes arbres;





... je fis mes mains douces et lisses comme ciel à huit heures du matin, et dorée ma caresse, tout un pré de boutons
d'or sur Toi ! 







 
Et je riais, oui, car tu ne savais ce qui t'arrivait, et tu t'étonnais de t'éveiller dans ce jardin sauvage, sous l'emprise vorace des herbes folles... Puis tu me reconnus et repris possession de moi avec le monde autour...


                                                                         Mireille Sorgue - Extrait "Lettres à L'Amant" Tome I



Susan L. Carrel a commenté cet extrait dans  les Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1987, N°39.  "La lettre d'amour aujourd'hui : Mireille Sorgue"

[...] La vivacité de la scène nous enchante, et tout lecteur apprécie la parfaite justesse de l'association progressive entre Mireille et cette nature verte et vigoureuse où elle vient de se promener. Vibrante, vivante, éclatante de santé et d'énergie, « gourmande de [sa] vie même », cette jeune femme, qui se levait habituellement longtemps avant les autres par pur plaisir, traduit tout naturellement en paysages et en fleurs la joie de vivre aiguë qui l'anime, la volupté d'aimer et de se confondre avec les choses de la vie. Mais pour tout saisir de ce récit de Mireille, il faut se mettre à la place du premier destinataire, l'amant. Étonné de se trouver soudain dans un monde imaginaire — car toute cette narration si précise dans ses moindres détails est imaginaire — il apprend sa participation à une scène délicieuse d'amour. Et son plaisir de lecture, plaisir qui est sa propre fin, se prolonge d'une anticipation... Le rêve sera-t-il aussi invitation au réel ?

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