« Car je veux être reine de mes soleils et de mes peines, tenir les clefs des cités que je hante et garder enclose dans ma parole la fugitive vie que je m’émerveille d’entendre battre à mes tempes. » Mireille Sorgue
mercredi 20 novembre 2013
La montagne noire
Sa chère montagne!..... qu' Elle aimait tant.
[...] A sept heures, je suis
sortie, et j'ai vécu seule la plus belle heure de ce jour qui s'est à présent embué,
enfiévré, obscurci. Seule: oui, ce matin de Pâques, il m'a bien semblé que tous
(et tout) prolongeaient leur repos. Je n'ai rencontré personne et je suis sûre
-à l'absence de résistance de l'espace, à l'absence d'écho à mes gestes et mes
pas, que véritablement j'étais seule dehors. Goût de privilège. J'ai foulé
l'hiver mort: fougères rousses ou blêmes, froissées, tassées, lichens et les
sentiers sans herbe, mais à hauteur de mes lèvres dans la saveur du vent, à
hauteur de mes paupières dans le baiser dont les fermait le soleil, j'ai
rencontré le printemps. Je me suis attardée sur les collines, considérant avec
tendresse ce village maussade ordinairement mais que son environnement de
fumées, de coqs, de chiens et plus haut de bois, et plus haut de ciel pâle
faisait précieux. J'ai vu des sources nouvelles, et les fleurs de fraisier
promettant l'abondance. Je suis revenue en coupant tout droit par les genêts,
puis au travers des jardins...
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