Cannes - La tour sarrasine |
"Je n’ai point «l’amour
inné du passé», « toute
la richesse, toute la splendeur, toute la grâce du monde » ne sont point pour
moi dans les temps écoulés. Je sais sourire au jour qui vient, et mon
imagination colorie plus volontiers les scènes futures que celles du passé, mais
j’aime la pierre qui semble juste creusée pour mon épaule ou pour mes bras,
parce que d’autres avant moi s’y sont appuyés, y ont reposé leur épaule lasse ou
leurs bras trop lourds.
Une vieille tour sarrasine domine la baie de Cannes ; trompant la vigilance de ma mère, je suis souvent montée jusqu’à la plate-forme carrée où l’on débouche en plein soleil, mue par une attraction que mes sept ou huit printemps ne s’attardaient point à analyser. Ma joue posée contre la pierre large, ma main balayant le sable, s’accrochant aux touffes de lavande, reconnaissant les aspérités, je m’enfonçais dans une rêverie délicieuse dont je jouissais d’autant plus que je ne cherchais pas alors à en connaître l’essence."
Une vieille tour sarrasine domine la baie de Cannes ; trompant la vigilance de ma mère, je suis souvent montée jusqu’à la plate-forme carrée où l’on débouche en plein soleil, mue par une attraction que mes sept ou huit printemps ne s’attardaient point à analyser. Ma joue posée contre la pierre large, ma main balayant le sable, s’accrochant aux touffes de lavande, reconnaissant les aspérités, je m’enfonçais dans une rêverie délicieuse dont je jouissais d’autant plus que je ne cherchais pas alors à en connaître l’essence."
(Extrait du devoir de Mireille Sorgue qui lui a valu le 1er prix du Concours Général de Français en 1961)
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