Ami,
ô, mon ami... J'éprouve les
limites du langage, et mes propres limites aussi -limites écartelées
continûment... et qu'est-ce qui va naître? Ce n'est pas de tout repos de
grandir. Demain me donne le vertige, et pourtant j'ai soif infiniment, j'ai faim
infiniment de nouvelles nourritures; je n'en finis pas de venir au monde. Et
qui délivrera cet oiseau battant de mes poignets? -Ah, pardonne-moi, pardonne-moi
cette incohérence. Je suis abattue contre ton épaule, mais comment
consoleras-tu ce bonheur de vivre si poignant qu'il m'est douleur?
Extrait de "Lettres à l'Amant" Tome I
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