samedi 9 juin 2012

Mireille... "Trobairitz" ?


Les trobairitz ou troubadouresses, formes féminines de troubadour, sont des poétesses et compositrices d'expression occitane ayant vécu dans le sud de la France aux XIIe et XIIIe siècles.

Béatrice de Die

Pour la poésie des troubadours, la distance installée n'est pas toute conjugale ou sociale, mais vitale, fondamentale. Elle est la manifestation de l'absence. C'est l'absence qui est au centre puisque ce centre de l'absence est aussi celui du langage.

La notion de désir se confond entièrement avec celle de l'amour. Et, puisque le désir disparaît quand il est assouvi, l'amour, pour perdurer, doit être difficile à satisfaire. Cela explique la position de supériorité de celui qui est désiré, qui doit toujours paraître insaisissable sans pous autant rester totalement inaccessible (car l'amour courtois n'est pas un amour platonique).

L'importance accordée au désir explique encore que l'amour courtois se porte généralement vers un objet défendu.

Si la courtoisie est un phénomène de civilisation, la doctrine amoureuse qui l'accompagne, contraire aux enseignements de l'Eglise et très éloignée des usages de l'époque, doit avant tout être comprise comme un jeu littéraire.

L'amour comme construction verbale. Une sorte de théorie d'amour négative qui parle de la souffrance de l'amour.
"Je pose une idée, je la renverse". Son contraire est possible, les deux s'entendent.
Assouvir ses sens deviendrait: sublimer, transformer par l'écriture. Différer le plaisir, combler l'espace qui sépare de l'être aimé. Renverser les choses dans son regard et dans sa perception du monde.


Azalaïs de Porcairagues

Cette conception de l'amour remonte au temps de l'esprit courtois en Orient (1). Cet amour est venu chez nous à dos de chameau et de cheval par l'Andalousie. Il y est question d'une forme d'obéissance – sans aucune espérance – qui constitue la caractéristique de ce sentiment et lui donne sa noblesse.

La beauté que chante le poète est surtout immatérielle et la Dame se trouve adorée à l'égal d'une divinité, une divinité cruelle et inaccessible que l'amant implore en sachant que ses larmes, son insomnie et les tourments de son âme, ne lui vaudront aucun mérite et donc aucune ferveur.

Nous pouvons sentir, dans certains passages de ses écrits, combien Mireille est entrée en résonance avec la poésie des troubadours. Par exemple, quand elle évoque: "la peine doucement dure", c'est du pur canso.

 
(1) Jean-Claude Vadet. L'Esprit courtois en Orient dans les cinq premiers siècles de  l'Hégire.  Editions G.P. Maisonneuve et Larose, Paris, 1968.



                   

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