dimanche 19 juillet 2015

Mireille entre joie et douleur de vivre


Très tôt dans sa correspondance, Mireille évoque sa difficulté de vivre...entre joie et douleur.



Mercredi [31 octobre 1962]
 [...] Ami, je sais que vous êtes là, que vous m'aiderez s'il faut m'aider, comme vous aidiez l'amie perdue; mais je ne vous donnerai pas les soucis qu'elle vous causa, et vous n'aurez pas à me gronder, sinon d'être triste. Car là est la faute. Je sais que je puis ne pas croire au malheur ou plutôt que je puis nier le malheur. .. mais lorsque je le fais, j'ai l'impression d'être absente de moi-même, ou d'habiter mes propres confins, ma surface poreuse (en sorte que je ne sais où est « la » faute entre l'oubli de la douleur et l'oubli de moi-même...). 

Erwin Blumenfeld - Portrait

[...] Seulement mon amour irrité m'emplit de colère et d'angoisse parfois, et j'ai alors «peur» de tout ce que j'aime, parce que je sais maintenant qu'«il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur -et que je souffre par toutes mes racines. (Et aussi bien par le goût du petit matin ou la lueur d'une étoile -Par tout ce qui m'attache.) Ce qui est « irrémédiable », à vrai dire, c'est ma naissance au monde. -Le paradis perdu... (C'est seulement aujourd'hui que je comprends le mythe chrétien!...) 


[...] Peut-être ma lettre de l'autre jour est-elle déjà parvenue à destination malgré les difficultés de circulation, les grèves; mais c'est une lettre de petite fille transie, véhémente à force de tendresse -un cri de joie ou de douleur, on ne sait pas trop (joie de vivre -douleur de vivre) -, le tressaillement d'un visage un instant happé par une grande flamme d'un vent du Sud... 

                                                                                  Mireille Sorgue - Lettres à l'Amant - tome I

Maud Mullard
Munch



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