vendredi 21 décembre 2012
lundi 17 décembre 2012
Métamorphose du Physalis
Le Physalis de son nom scientifique ou L'Amour en cage de son nom
poétique, est une plante vivace de la famille des solanacées.
En fin de floraison, le calice se referme sur l'ovaire et forme un ovale parcheminé veiné en réseau de 5 cm de couleurs vives allant de l'orange au rouge emprisonnant le fruit. À maturité du fruit, il devient très fin et translucide, d'où la comparaison fréquente avec une lanterne, puis il s'ouvre.
Fruit prisonnier du squelette de la fleur |
Les larmes de "l'Amour en cage" |
Dénommé aussi lanterne Chinoise ou Japonaise ou bien encore Alkékenge, Coqueret.
Au Japon, on dit que cette plante si particulière est la lanterne
qu'utilisent les esprits pour se guider...
L'amour en cage - Boris Vian
L'amour en cage
Mon cœur s'est pris à tes épaules
Mon cœur s'est pris à tes yeux gris
Le soleil s'est éteint
Et la neige est tombée
J'ai eu froid sans mon cœur
Rends-le moi
Mon cœur tremblait dans tes mains calmes
Mon cœur tremblait contre le tien
Mon cœur s'est pris à tes yeux gris
Le soleil s'est éteint
Et la neige est tombée
J'ai eu froid sans mon cœur
Rends-le moi
Mon cœur tremblait dans tes mains calmes
Mon cœur tremblait contre le tien
Les oiseaux se sont tus
Et les fleurs ont pâli
J'ai si froid sans mon cœur, rends-le moi
Ne le mets pas dans une cage
Il va mourir comme l'amour
Laisse-moi courir les rues
Laisse-moi vivre au fil des jours
Et les fleurs ont pâli
J'ai si froid sans mon cœur, rends-le moi
Ne le mets pas dans une cage
Il va mourir comme l'amour
Laisse-moi courir les rues
Laisse-moi vivre au fil des jours
J'ai mis le bonheur à la porte
Et j'ai brisé tous ses anneaux
J'ai laissé les baisers
J'ai cassé les serments
Et j'enferme mon cœur avec moi
Demain, demain je serai seul
Dans le silence de ma vie
Me prendra le hasard
M'aimera qui voudra
Mais j'enferme mon cœur avec moi
Et j'ai brisé tous ses anneaux
J'ai laissé les baisers
J'ai cassé les serments
Et j'enferme mon cœur avec moi
Demain, demain je serai seul
Dans le silence de ma vie
Me prendra le hasard
M'aimera qui voudra
Mais j'enferme mon cœur avec moi
Je serai libre dans ma cage
Je serai libre avec mon cœur
Et j'irai courir les rues
Les rues de rêve
Où vont mes amours
Je serai libre avec mon cœur
Et j'irai courir les rues
Les rues de rêve
Où vont mes amours
Poème de Boris Vian
Le chant du silence...
Souvent un silence vient se mettre en travers de la parole. Sa voix se suspend comme si elle se trouvait tout près d’un vide. La chute des mots. Et le silence. Là. Comme un lac infranchissable. Un lac d’orage et de glace. Les mots n’accrochent plus la voix, ils sont dans l’ignorance d’eux-mêmes et de la chose à dire. Ils sont habillés de points de suspension pour passer ...
inaperçu, pour ne pas dire ce qu’ils voudraient dire, pour ne plus dire, parce qu’ils ont peur du sens et des conséquences du sens. Du vertige. De la chute. Traversée d’un espace chancelant. Traversée blanche de l’indicible. De l’instant qui se désaccorde.
Pourtant les siens sont lumineux et essentiels. Mais il faut s’arrêter. Alors elle s’arrête. Et tout son être se rassemble, et tout est là, condensé dans cette absence apparente. Toute sa présence est là. Ce silence n’efface pas sa personne. Ce silence l’appelle, la nomme, la désigne. Ce silence est un chant. Son chant. Lourd, grave, comme ces vents qui traversent la steppe mêlés à la neige, aux souvenirs. C'est le temps de l’apprivoisement et ce silence est le jardin proposé qu’il nous faut traverser.
Elle est de ces contrées, de cet endroit si fragile qu'il nous fait trembler. Elle est de ce lieu premier, du premier jour. De cette aube désarmée, vulnérable. De la première bouffée d’oxygène, du premier éclaboussement de soleil, du premier mot."
Pourtant les siens sont lumineux et essentiels. Mais il faut s’arrêter. Alors elle s’arrête. Et tout son être se rassemble, et tout est là, condensé dans cette absence apparente. Toute sa présence est là. Ce silence n’efface pas sa personne. Ce silence l’appelle, la nomme, la désigne. Ce silence est un chant. Son chant. Lourd, grave, comme ces vents qui traversent la steppe mêlés à la neige, aux souvenirs. C'est le temps de l’apprivoisement et ce silence est le jardin proposé qu’il nous faut traverser.
Elle est de ces contrées, de cet endroit si fragile qu'il nous fait trembler. Elle est de ce lieu premier, du premier jour. De cette aube désarmée, vulnérable. De la première bouffée d’oxygène, du premier éclaboussement de soleil, du premier mot."
Franck Nicolas
!... |
dimanche 16 décembre 2012
La vie tremblante...
La vie tremblante....
Ecrire c’est passer du côté de la nuit. Chaque mot est un lambeau d’ombre, un épuisement, un reste, le balbutiement du néant. Aucun soleil ne se lève aux aurores d’écriture. Rien. Il n’y a que la nuit, celle qui annonce une nuit plus grande encore, celle de nos tombeaux, de nos morts, quand le noir s’effondre sur le noir, quand la fin est là dressée dans le miroir des yeux comme cette ombre plus sombre encore, qui veille sur nous, son aile noire posée sur nos yeux et ses griffes accrochée à nos entrailles.
L’écriture nait d’un singulier mariage, celui de la nuit et du silence.
Ecrire nait d’un terrible paradoxe, la mort la plus sauvage au cœur de la vie la plus tremblante.
Franck Nicolas
Ecrire nait d’un terrible paradoxe, la mort la plus sauvage au cœur de la vie la plus tremblante.
Une petite cantate...pour "Elle"
Une petite cantate
Du bout des doigts
Obsédante et maladroite
Monte vers toi
Une petite cantate
Que nous jouions autrefois
Seule, je la joue, maladroite
Si, mi, la, ré, sol, do, fa
Cette petite cantate
Fa, sol, do, fa
N'était pas si maladroite
Quand c'était toi
Les notes couraient faciles
Heureuses au bout de tes doigts
Moi, j'étais là, malhabile
Si, mi, la, ré, sol, do, fa
Mais tu es partie, fragile
Vers l'au-delà
Et je reste, malhabile
Fa, sol, do, fa
Je te revois souriante
Assise à ce piano-là
Disant "bon, je joue, toi chante
Chante, chante-la pour moi"
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Oh mon amie, oh ma douce
Oh ma si petite à moi
Mon Dieu qu'elle est difficile
Cette cantate sans toi
Une petite prière
La, la, la, la
Avec mon coeur pour la faire
Et mes dix doigts
Une petite cantate
Mais sans un signe de croix
Qu'elle offense Dieu le père
Il me le pardonnera
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Les anges, avec leurs trompettes
La joueront, joueront pour toi
Cette petite cantate
Qui monte vers toi
Cette petite cantate
Qui monte vers toi
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa...
Du bout des doigts
Obsédante et maladroite
Monte vers toi
Une petite cantate
Que nous jouions autrefois
Seule, je la joue, maladroite
Si, mi, la, ré, sol, do, fa
Cette petite cantate
Fa, sol, do, fa
N'était pas si maladroite
Quand c'était toi
Les notes couraient faciles
Heureuses au bout de tes doigts
Moi, j'étais là, malhabile
Si, mi, la, ré, sol, do, fa
Mais tu es partie, fragile
Vers l'au-delà
Et je reste, malhabile
Fa, sol, do, fa
Je te revois souriante
Assise à ce piano-là
Disant "bon, je joue, toi chante
Chante, chante-la pour moi"
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Oh mon amie, oh ma douce
Oh ma si petite à moi
Mon Dieu qu'elle est difficile
Cette cantate sans toi
Une petite prière
La, la, la, la
Avec mon coeur pour la faire
Et mes dix doigts
Une petite cantate
Mais sans un signe de croix
Qu'elle offense Dieu le père
Il me le pardonnera
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa
Les anges, avec leurs trompettes
La joueront, joueront pour toi
Cette petite cantate
Qui monte vers toi
Cette petite cantate
Qui monte vers toi
Si, mi, la, ré
Si, mi, la, ré
Si, sol, do, fa...
Barbara
De l'écriture...
Un jour - et
ce jour vient du plus loin de vos années d'orages, de pluies, d'errance - un
jour vous vous mettez à écrire, à écrire vraiment. Et brusquement vous êtes
dans la fraîcheur d'une aube et cela vous suffit . Chaque mot surgit d'une
rosée généreuse. Vous, vous n'avez qu'à l'accueillir dans le silence,
reconnaissant d'être encore en vie et de pouvoir sentir le flot du sang envahir
toute la langue.
Ce jour-là,
vous vous retrouvez loin de tout et pourtant vous n'avez jamais été si vivant.
Vous êtes dans une désolation lumineuse et cela vous suffit. Vous êtes perdu et
c'est justement cette perte qui vous ressuscite. Vous êtes perdu et tout vous
paraît plus clair, plus net, plus définitif, plus impératif.
Renaître après des siècles d'agonie.
Renaître après des siècles d'agonie.
On n'écrit
jamais pour plaire ou séduire, on écrit pour se retrouver. Chaque mot vous
rapproche d'un lieu inconnu plein de mystère, un lieu inévitable.
Car écrire
prolonge un rêve commencé il y a longtemps, dans l'enfance, un rêve commencé
lorsque vous étiez blottis dans le plus fragile abandon du regard de la mère,
qui vous avez sacré - vous si infirme - roi si rayonnant.
Oui, écrire
c'est d'abord retrouver ce sommeil plein de couleurs et de chaleur où l'amour
n'est pas promis mais donné comme une éternité, offert comme la première
nourriture et la seule dont vous n’aurez jamais besoin.
Ecrire vous
fait retrouver ce rêve où vous n'êtes là pour personne sauf pour le murmure
incompréhensible et attendri d'une mère devenue folle parce qu'elle s'est enfin
oubliée et qu'elle divague dans les méandres de votre visage.
Un jour vous
écrivez, et c'est ce seul murmure qui compte parce que lui seul peut couvrir le
vacarme du monde. Vous ne saurez jamais si cela peut faire un livre, vous êtes
dans le pur bercement de la langue, dans l'oublie de votre propre présence,
dans cette musique qu'il faut prolonger jusqu'à la fin des temps.
Vous êtes
envahi par le blanc de la page et les mots viennent parfois vous secourir du
vertige, ils sont les traces, les signes, qui vous relient au ciel, à la terre
et l'encre vous retient de sombrer dans la défaite toujours imminente.
Ecrire c'est
un grand vent qui secoue les branches de l'âme emportant les feuilles les plus
faibles celles qui ne tiennent que par le doute, et qui deviendront les mots
les plus brûlés de votre langue.
Ecrire c'est être dans cet arrachement, dans cet envol au milieu d'une tempête, dans cette chute soudaine au cœur d'un vide terrifiant et miraculeux.
Ecrire c'est être dans cet arrachement, dans cet envol au milieu d'une tempête, dans cette chute soudaine au cœur d'un vide terrifiant et miraculeux.
Consentir à
ce ciel désolé, simplement consentir.
Traverser le
rêve d'écriture c'est traverser un amour rouge comme le sang, tranchant comme
une lame aiguisée, ardent comme le feu d'une forge, un amour ravagé de silence
et de vent.
Le jour où
l'on écrit c'est qu'on s'est mis en marche vers un amour, et qu'on en appelle
la brûlure et l'âme souveraine, et c'est une marche aveugle main tendue vers un
noir toujours plus profond.
On écrit
avec ses silences, c'est eux qui laissent leurs empruntes d'ombres sur la
blancheur des pages. Un silence se couche sur un autre silence et ainsi de suite,
silence sur silence, dans un grand lit d'absence pour consommer les noces
enflammées de l'espérance et de l'épuisement. Silence sur silence, lumière sur
lumière, et ça, éternellement...
Ecrire c'est
cette façon d'être au monde, ou de ne plus y être, c'est interroger le murmure
et en glaner une once de lumière, c'est user le temps, le polir longuement pour
en obtenir quelque élixir subtil, c'est entretenir un feu avec de minces
brindilles d'encre usée, c'est écouter dans la foule le bruit que fait la solitude
et dans la solitude les rumeurs de la foule, c'est ouvrir des portes interdites
avec la seule clé des mots, et c'est se croire riche et se vouloir pauvre, et
être désarmé et pourtant invincible, et c'est mourir plusieurs fois par jour et
renaître pour que demain advienne, et c'est dormir dans l'attente et se
réveiller dans la prière.
Rien, rien
de plus. Née d'un manque l'écriture entretien souvent avec la douleur une
relation incestueuse, elle souffle sur nos entrailles pour en attiser les
brûlures dans des noces solitaires et sauvages.
C'est tout
ça et mille autres choses, c'est la parole la plus épuisée qui puisse être dite
car elle gît mourante au fond de notre vie on en cueille parfois les effluves
tremblantes dans la paume de quelques mots.
Se mettre à
écrire c'est distiller du temps en chauffant nos jours au rouge du cœur.
Et la brume qui s'évapore c'est nos renoncements, nos peurs qui se délient.
Et ce qui reste est si infime qu'on pourrait le perdre d'un simple soupir, si infime et pourtant si abondant qu'on pourrait en vêtir un ciel entier.
Et la brume qui s'évapore c'est nos renoncements, nos peurs qui se délient.
Et ce qui reste est si infime qu'on pourrait le perdre d'un simple soupir, si infime et pourtant si abondant qu'on pourrait en vêtir un ciel entier.
Franck Nicolas
lundi 10 décembre 2012
Madame de Sade - Yukio MISHIMA
"Entre vertige et fascination"
[...] Des femmes "plus grandes que nature". Comme des insectes autour d'une lampe, elles tournoient, virevoltent fiévreusement autour d'une flamme invisible: l'absence du Marquis de Sade exalte sa présence virtuelle.
Il est un "fantôme" vivant qui les oblige à se hisser jusqu'à un monde intermédiaire qui est celui des esprits, des rêves, des fantasmes.
[...] Car, en effet, il ne s'agit pas d'action, mais de mots qui sont ici les seules armes de ces femmes prisonnières de l'absent, mots qui ne résolvent pas l'énigme et qui nous laissent comme souvent chez Mishima, face à nos questionnements.
Ludivine Oberhozer, extrait du Si n°7, magazine du Théatre Forum Meyrin et du Théatre de Carouge-Atelier de Genève
Hélène Alexandridis dans le rôle de Madame de Sade |
"J'aurais voulu accomplir tous ses voeux. J'aurais voulu être compagne de son âme et esclave de son corps. J'espérais demeurer avec lui toujours. Soudain, sa main est devenue de fer et m'a fauchée"
Extrait de Madame Sade - Yukio Mishima
"Vous ignorez tout du monde où la rose et le serpent sont assez
intimes pour échanger leurs apparences dans la nuit, de telle façon que les
joues du serpent rougissent et que la rose se couvre d'écailles brillantes."
Extrait de Madame Sade - Yukio Mishimasamedi 8 décembre 2012
Héliotrope et tournesol
Héliotrope |
[18 juin 1964]
[...] Pour moi aussi il y eut "émondage". Celà ne s'est pas fait instantanément. Dans les premiers temps, j'avais à prendre délibérément ton parti pour décider entre mes goûts, mes désirs encore indistincts —
je m'orientais vers toi, héliotrope... Je pensais: Il faut que je sois la justification de ses désirs, la vérification de ses pensées, même si (comment en juger?) ce sont des erreurs, son prolongement, son accomplissement, sa vérité... Je n'ai plus, depuis longtemps, à vouloir celà,
parce que je suis — oui? —
devenue telle que je le souhaitais. Ton tournesol, et c'est toi qui me dispenses chaleur et lumière, toi, mon seul élément.
Tournesol |
Douleur psychique
Il peut arriver que la douleur psychique, faite d'une douleur aigue qui embrase le corps, d'émotions qui nous submergent, de mémoires qui nous assaillent et nous cernent, soit telle qu'on franchit une limite au-delà de laquelle il n'y a plus rien, que la grande Solitude. Là, même l'amour humain, l'amour de ceux qui nous aiment, n'entre pas: L'âme se trouve alors comme recroquevillée dans le sein du néant. Ira-t-elle vers la vie? Ira-t-elle vers la mort? Cela appartient au secret de ces instants qui ressemblent à ceux de l'extrême fin de vie...
vendredi 7 décembre 2012
Les pas - Paul Valéry
Les pas
Tes pas,
enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes
lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas
cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.
Paul Valéry Extrait de Poésies - Charmes
L'oeuvre désirée...
Demain seul, préssenti, est angoissant de pureté, de nudité —
Oh, comprends-tu ? Et rien qui vaille.
Mon amour, on dirait bien que je parle en rêve sous l'emprise d'un cauchemar —
Tu vois bien que tu me sauves.
Amour mien, je te souris, le vois-tu? Je suis la même qui berce Minourson, la même gourmande, la même rieuse, la même doucement folle, faible... et puis l'envers de tout celà. Mais une dans mon amour.
[...] Je n'en finirais pas de me séparer de toi, de faire semblant de nous séparer, de nous retenir toujours.
Extrait de Lettres à l'Amant - TomeII
Nuit étoilée
Une nuit d'été prochaine nous effeuillerons toutes les étoiles
pour nous assurer de notre mutuel amour,
de notre semblable folie.
Extrait de Lettres à l'Amant - TomeII
mercredi 5 décembre 2012
Récitatif - Guy Brémond
« Nous
ne sommes pas des gens compliqués… »
[...]D’abord
elle se lève aux aurores, comme une fleur ; elle est la seule à partir
ainsi au petit matin [...] Ensuite, toujours comme une fleur, elle devient entre les
arbres, pareille à un grain de pollen entre les pattes d’une abeille [...] Donc une
jeune fille qui aime avec passion (là encore, la plupart n’y voient que du feu)
notre petit pays, sa rivière, ses châtaigniers. Il n’en faut pas plus pour nous
émerveiller[…]Mais ce n’est pas tout. Elle nous gâte ! À telle enseigne que
tous les lauriers (scolaires) qu’elle remporte viennent sans autre forme de
procès se poser comme des colombes sur nos têtes[…]Insistons : cette élève,
cette étudiante, cette jeune fille, qui aujourd’hui est une jeune femme, nous
fait vraiment honneur. Ses succès, qu’elle aurait tendance à sous-estimer, nous
feraient littéralement casser la baraque – si toutefois nous ne savions nous
retenir à nos conventions qui font la noblesse de nos actions. […]Pour en finir
avec ce tableau d’honneur doublé d’excellence, disons qu’elle obtient haut la
main toutes les premières places. Des positions qu’elle occupe avec beaucoup
d’élégance, élégance d’esprit, élégance de sentiment, sans oublier son élégance
féminine[…]
Elle
rencontre (elle a dix-neuf ans) l’amour[…]Plus exactement un homme. Autrement dit
tout ce qu’il y a de plus naturel[…]notre jeune fille est discrète, pudique,
secrète. Non qu’elle dissimule, du tout ! Seulement elle pratique
spontanément le fameux adage : pour vivre heureux vivons cachés. Et comme
chacun sait, les gens heureux n’ont pas d’histoire. En tout cas ils n’en font
pas. Ou à peine, tout juste des vaguelettes. Bien sûr, on sait de quel homme il
s’agit. On l’a même vu. On
apprend que notre demoiselle monte parfois à Paris, tandis que l’élu de son cœur
descend la rejoindre pour les vacances[…]ils s’écrivent copieusement […]Pour notre
jeune fille, ces lettres sont l’oxygène de son âme.
Ces
deux derniers mois[…]Certes, elle se lève toujours aux aurores, elle part
toujours marcher dans nos chemins, dans nos sous-bois. Elle n’est cependant
plus tout à fait la même. Ce n’est pas qu’elle ne nous salue pas, bien sûr que
si, ni qu’elle ne s’arrête pour une causette, bien sûr que si[…] On la
regarde, on l’observe, on la reluque, on l’apprend par cœur, et on reste
Gros-Jean. On pousse même le bouchon jusqu’à la héler, l’approcher, jusqu’à
scruter son visage sérieux, jusqu’à faire preuve de sans-gêne en enfonçant
notre regard de vieux limier dans ses grands yeux nets. Mais il n’y a rien à
faire, ils sont trop pleins de choses qu’on ignore pour qu’on puisse aller bien
loin. On a beau la voir marcher dans la rue, contourner l’église, dire bonjour
à madame Sugère (la sœur de l’épicière), monter le chemin, et même se retourner
pour nous faire un petit signe alors qu’on se croyait invisible, on ne sait
rien d’autre. Total : non seulement on se prive de jouissance, mais
par-dessus le marché, on se retrouve malheureux comme une pierre. De sorte
qu’on s’avise soudain qu’on tient dur comme fer à la gaîté, au bonheur de notre
jeune femme. On l’aime.
lundi 3 décembre 2012
"Pas du tout"
[18 mai 1964]
Une marguerite que j'effeuillais par jeu m'a dit que tu ne m'aimais "pas du tout". Je ne l'ai pas crue : je ne te croirais pas toi-même si tu me le disais...
Extrait de Lettres à l'Amant - Tome II
"Il bruine, on pourrait être triste..."
Il bruine, on pourrait être triste...
Mais l'amour est au fond du jour, brume
blottie, brume dorée, où de brefs
instants je repose ma tête qu'ennuient
les leçons...
Samedi, et demain dimanche. Tout
à l'heure la maison tiède,la maison
laborieuse. Tout à l'heure Manou
m'accueille...
Il faut que je parte, laissant ici tous
gages précieux, dans la malle aux trésors;
je pars, je reviens,
mais immobile, au milieu
du soleil, du soleil tempéré de l'attente,
je te quitte, je te retrouve,
je suis toujours auprès de toi.
Moelleuse, profonde, pour ton repos;
et pour l'oubli, pour l'éternité présente et
promise,
grave naturellement, mais naturellement
légère et toute malice -- Je ne t'embrasse
pas, ou bien sur le bout du nez.
Mon amour.
Extrait des Lettres à l'Amant - TomeII
Dualité - Le yin et le yang
Le yin et le yang
Le tao engendre dans le monde incarné
des opposés à interaction réciproque: le yin et le yang.
Yin et yang sont les deux pôles du monde phénoménal. Yin et yang s'attirent mutuellement mais se repoussent aussi mutuellement. Tous les phénomènes sont éphémères, leurs proportions yin et yang variant constamment. Rien n'est totalement yin, rien n'est totalement yang. Tous les corps physiques sont yang au centre et yin à la périphérie. Le yin a pour caractéristiques la douceur, la passivité, la féminité, les ténèbres, la vallée, le pôle négatif, le non-être. Le yang a pour caractéristiques la dureté, la masculinité, la lumière, la montagne, l'activité, le pôle positif, l'être. Toute énergie est manifestée dans cette dualité. |
L'Aimant : Dipôle magnétique
[14 février 1964]
[...] De garçons, je ne m'en approche pas; ils sont absents d'ici-bas, à mille et mille lieues de moi. A quoi servent-ils. Le sais-tu, toi? Espèce asexuée. Pas la moindre attraction. Ce n'est pas comme un certain Minou qui, bien qu'à distance considérable, aimante Mimi et la fait battre, osciller comme une aiguille folle sur sa tige.
Extrait de Lettres à l'Amant- Tome II
Dans
l'Antiquité, selon Plutarque ,
la pierre d'aimant s'appelle os d'Horus & le
fer os de Typhon
Pline l'ancien écrivait : « Il y a auprès du fleuve Indus deux montagnes, dont l'une retient et l'autre repousse toute espèce de fer (XXXVI, 25); de la sorte, si l'on porte des clous aux souliers, dans l'une on ne peut pas retirer son pied, dans l'autre on ne peut pas le poser. »
Pline l'ancien écrivait : « Il y a auprès du fleuve Indus deux montagnes, dont l'une retient et l'autre repousse toute espèce de fer (XXXVI, 25); de la sorte, si l'on porte des clous aux souliers, dans l'une on ne peut pas retirer son pied, dans l'autre on ne peut pas le poser. »
Tout
barreau aimanté s'oriente naturellement dans la direction nord-sud
suivant les lignes du champ magnétique terrestre, pour peu
qu'on lui laisse un axe de rotation libre de toutes contraintes. Cette
propriété est la base de l'utilisation des boussoles.
Les
aimants permanents contiennent presque toujours des atomes d'au moins un des éléments chimiques suivants : fer, cobalt ou nickel, ou de la
famille des lanthanides
(terres rares).
Lorsqu'un
objet en fer est attiré par un aimant, il devient temporairement un aimant ;
c'est l'aimantation induite
En physique, le champ
magnétique se
traduit par l'existence d'une force
agissant sur les charges électriques en mouvement (dite force de Lorentz). La grandeur qui
détermine l'interaction entre un matériau
et un champ magnétique est la susceptibilité magnétique
Le champ
magnétique terrestre est un immense champ magnétique qui entoure la Terre, de manière non
uniforme du fait de son interaction avec le vent
solaire
vent solaire et magnétosphère
Le vent
solaire est un flux de plasma constitué essentiellement d'ions et d'électrons
qui sont éjectés de la haute atmosphère du Soleil. Ce flux
varie en vitesse et en température au cours du temps en fonction de l'activité solaire. Pour les étoiles autres
que le Soleil, on parle généralement de vent stellaire
La magnétosphère terrestre s'oppose au vent solaire comme
le fait une culée de pont vis-à-vis du courant de la rivière. Elle
nous protège contre le vent solaire et agit comme un bouclier. La
magnétosphère, qui devrait ressembler à un dipôle, est
déformée par le vent solaire. Elle est compressée du côté diurne alors
qu'elle s'étend à de grandes distances du côté nocturne.
On parle de dipôle magnétique
pour désigner un pôle et son homologue inséparable. Un pôle magnétique,
contrairement à un pôle électrique, ne peut pas
être séparé de son homologue
Et si l’Amour révélait à l'humain son état de dipôle magnétique ?
Inscription à :
Articles (Atom)