mercredi 13 mars 2013

Louise Labé - Sonnet XIV




Mireille Sorgue écrivait à propos des sonnets de Louise Labé :
 
"C'est une oeuvre libératrice. Cette voix crie ce que la plupart ne savent ou n'osent dire. Elle délivre les amants de leur mutité."


Sonnet XIV

Tant que mes yeux pourront répandre des larmes,
en regrettant notre bonheur passé :
et que ma voix pourra résister aux larmes
et aux sanglots, et un peu se faire entendre :
Tant que ma main pourra tendre les cordes
du luth mignon, pour chanter tes grâces :
tant que mon esprit voudra se contenter
de ne rien vouloir sauf te contenir :
je ne souhaite pas encore mourir.
mais quand je sentirai que mes yeux tarissent,
que ma voix se casse, et que ma main est impuissante,
et que mon esprit en ce mortel séjour
ne peut plus montrer qu'il aime :
Je prierai la Mort de noircir mon jour le plus clair.

 
Louise Labé parle de mourir quand elle ne pourra plus créer plus que de ne plus aimer... C'est ce qui lui importe. La Création est transversale à l'amour/la mort.
C'est d'ailleurs pour ça que l'amour est si important pour elle : parce qu'elle est poète et que c'est sa grande source d'inspiration. Elle dit bien, dès le début : tant que je pourrai chanter (quitte à résister aux larmes).
Symboliquement, sexuellement, l'amour et la création vont ensemble. Louise Labé ne pourra plus créer si elle n'aime plus, c'est pour ça qu'elle désirera la mort.
(Aimer/créer, faire l'amour/engendrer ).
Tarie, cassée, impuissante, ne pouvant plus montrer signe d'amante (ce n'est pas ne plus aimer, mais ne plus le montrer, le dire,... ne plus le chanter, ne plus l'écrire).
Aimer avec son esprit comme avec son corps. Le terme «comprendre» (contenir, donc...) est extrèmement explicite là-dessus !
L'amant donc remplit son esprit comme son corps, mais elle parle de l'esprit, ici.
 




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