Samedi [6 juillet 1963]
mardi 2 septembre 2014
Comme fruit éclatant...
Samedi [6 juillet 1963]
dimanche 24 août 2014
Mireille et Verlaine
![]() |
Paul Verlaine par Gustave Courbet |
[16 Mai
1965]
…Je
passerai ce jour dans la fréquentation de Verlaine; je n'ai besoin ici de nul
intercesseur, je connais par le cœur cet être si semblable à moi, cette âme féminine,
pusillanime... Ne suis-je pas saturnienne, moi aussi, pareillement instable
lieu de la même perpétuelle alternance de vigueur et de lâcheté, et triste
toujours de ne savoir faire cesser en moi ce mouvement qui me ruine, triste
toujours, et toujours espérant d'y parvenir? Aussi cette poésie est-elle pour
moi sans mystère, sans aura; j'y trouve mon portrait secret et détesté, l'aveu
que je tente en vain de retenir d'une attristante faiblesse d'âme, d'une trop
vulnérable humanité; ce même désir toujours d'être conforté, et même châtié,
ces mêmes exagérations de la joie comme de l'angoisse - un cœur tyrannique,
battant à rompre la machine, la même incontinence dans la plainte... Ce n'est
pas me quitter qu'être avec lui, pauvre vieux bonhomme gênant, qui m'émeut et
que je voudrais retuer en moi, pauvre musique rompue, mélodie dispersée qui
cherche à se raccorder... Je ne suis dupe de rien, vieux naïf roué; je ne me
prends pas à ces litanies faites pour s'incanter, se rassembler soi-même...Pas si
vaincu pourtant: exemplaire défaite que celle de l'esprit le plus frêle, et meurtri,
le plus charnel, le plus mortel, mais qui toujours témoigne et proteste, vivant
Verlaine, mon très prochain! Le retuer ? ou bien puisqu'il m'habite le faire
vivre encore et vaincre?
Semblables? oui mais j'ai, au lieu de l'ardoise et la
brume, les tuiles et le soleil. Mes paysages intérieurs sont des paysages
heureux, et le soleil donne l'oubli des fautes ou des insuffisances.
vendredi 1 août 2014
Connaissance esthétique et admiration
[...] La connaissance
esthétique n'est pas analogue à la connaissance scientifique; alors que celle ci
semble s'effectuer par un mouvement d'accaparement, par une acquisition du
monde réduit à des propositions intelligibles, celle là se fait au contraire
par expansion et projection de l'être hors de ses limites rationnelles, par
embrassement de ce qu'il veut connaître; il n'y a plus examen ni dissection,
mais alliance et communion; il s'agit d'égaler le monde ou l'œuvre, de les
comprendre, non plus intellectuellement, mais intimement, il s'agit non plus de
réduire l'objet à soi, mais de se faire conscience même de cet objet. Comment
la raison pourrait-elle m'égaler à la mer, «la Mer elle-même toute écume, comme
Sibylle en fleurs sur sa chaise de fer » (1), comment la raison pourrait-elle me
donner la mer, «Mer au parfum d'entrailles femelles et de phosphore dans les
grands fouets claquants du rapt »? (2) Mais je la possède par mon exaltation. Ce n'est
donc pas la raison, mais l'admiration qui donne à connaître ce dont on veut
jouir, ce que l'on veut aimer; c'est cela sans doute que pensait Rilke en
écrivant:« Seul l'amour peut saisir les œuvres d'art, les garder, être juste
envers elles. » L'amour oui, l'admiration: ceux qui en sont incapables ne
comprendront pas mieux une œuvre ou le monde qu'un profane les choses sacrées,
et comment en pourraient-ils parler? Il me semble qu'il ne peut y avoir de
connaissance esthétique complète sans admiration.
-« On ne voit bien qu'avec le cœur », dit justement le Renard au Petit Prince, ou plutôt Saint-Exupéry. |
Elizabeth Barrett Browning - Sonnets portuguais
« Quand nos deux âmes se tiennent droites et fortes,
Face à face, en silence, et peu à peu se rapprochent
Jusqu'à ce que leurs ailes s'étirant prennent feu
À leurs courbes extrémités…»
Les sonnets d'Elizabeth
Publiés en 1850, tour à tour admirés et oubliés, les "Sonnets portugais" d'Elizabeth
Barrett Browning méritent d'être redécouverts. Poétesse respectée de
son vivant, Elizabeth souffre pourtant de maladie. Sa vie de recluse
obsédée par la mort d'un frère bien-aimé va être illuminée par la cour
que lui fait le poète Robert Browning, de six ans son cadet, et qu'elle
finira par épouser.
C'est à l'amant, au poète admiré que sont adressés ces Sonnets.
Mais leur enchaînement « raconte » surtout la force irrépressible de
l'amour, tout comme les doutes. Âpre combat entre la maladie qui mine
la vie d'Elizabeth Barrett et l'éveil à ce bonheur qui a pour nom Robert
Browning. Dans sa préface à la présente réédition des Sonnets,
Claire Malroux parle carrément de « renaissance ». Et il est vrai
qu'Elizabeth écrit ici, entre doute et sensualité retrouvée, tout le
miracle de sa vie : se laisser emporter par l'amour.
Jacques Sterchi -La Liberté- 25/07/ 2009
« Si tu dois m'aimer, que ce soit pour rien
d'autre que l'amour même »
C'est une histoire d'amour légendaire. Ces quarante trois déclarations d'amour à la vie à la mort, expriment la complexité du sentiment, le bouleversement intérieur, la passion frémissante avec toujours en fond la volonté de saisir l'essence du sentiment.
« The face of all the world is changed, I think
Since first I heard the footsteps of your soul... »
.... et tout est dit,... presque!
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