MON AMOUR, longtemps
je me suis tue rêvant devant la feuille blanche, la feuille immense comme ce
long loisir où j'entre, ne pouvant me résoudre à dire ces mots qui ne valent
pas leur pesant de silence. Alors tout incertaine, étonnée de bonheur, je
commence tout doucement car le soleil qui m'alourdit berce ma main, à peine effleurant
ton visage, en lente reconnaissance de mes domaines. Et comme si de hautes
paroles pouvaient défaire le charme que j'éprouve,
je parle très bas, à ton
oreille seule, à
ta bouche; et comme si des gestes trop
brusques allaient susciter des prodiges, mes mains à peine s'enhardissent sur
ton corps; mais si prudentes soient-elles, je sais où elles s'acheminent et
quelle vendange elles font -je soupçonne une éclosion soudaine, imminente -la
chute du soleil dans l'herbe, comme un fruit trop mûr qui s'écrase -la chute
infiniment du soleil qui s'abîme.
Mon amour, mon amour, je te retrouve et ce sont les vacances, mon amour, et je suis devant toi comme en lisière d'un pré avant d'être fauché, savourant avant que d'oser m'y étendre son parfum opulent... L'eau à la bouche.

Mon amour, mon amour, je te retrouve et ce sont les vacances, mon amour, et je suis devant toi comme en lisière d'un pré avant d'être fauché, savourant avant que d'oser m'y étendre son parfum opulent... L'eau à la bouche.
Mireille Sorgue - Extrait de "Lettres à l'Amant" Tome I
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