[15 mars 1964]
[...]
"Je te veille à
l'ombre de mes paupières que double la nappe des larmes, à l'ombre de mes
lèvres que gonfle une louange, à l'ombre de mon front si lourd de gemmes, si
douloureux taraudé de lucioles, dans l'espace préservé qu'aspire et creuse ma
respiration ténue, à l'ombre de mon visage— ciel que je fais attentif proche et
profond—mais ciel vulnérable qui pleut brusquement sur tes paupières, tes
lèvres, ton front, confondu, bouleversé. Mon amour! Qui es-tu? Comme tu es
grand... immense, fabuleux, sauvage! Et je ne suis plus qu'une petite fille
pleurant à cause du jour intransigeant qui la roue toute vive, pleurant de
gratitude et d'angoisse, comme tout à l'heure quand Isabelle se tut — et le
silence depuis n'est plus que cruelle clameur."
Extrait de Lettres à
l'Amant – Tome II
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